Y a plus de saison, ma bonne dame…

drosophile-suzuki

Même s’il est des endroits sur la planète où les effets sont plus écrasants (désertification, perte des terres arables, salinisation des eaux potables), chez nous aussi, les effets du dégélement climatique commencent à se faire sentir. Les inondations et les tempètes sont un peu plus furieuses qu’avant et les saisons ne ressemblent plus à grand-chose.
On a beau trouver toujours quelqu’un pour se rappeler que si, le printemps 1920 était aussi pourri ou l’automne 1951 aussi bizarrement chaud, cela fait quelques années que les variations sont étonnantes. Et pas sans conséquences…

 

Ils arrivent, les envahisseurs
Très concrètement, le réchauffement a poussé les sangliers dans Berlin, et chez nous ce sont moustique tigre et frelon asiatique qui débarquent et progressent. Sans oublier la Drosophile Suzuki.

Venue du Japon, après avoir conquis l’Italie et l’Espagne à la fin des années 2000, ce nouvel envahisseur est arrivé en Corse en 2010, avant de s’installer dans la vallée du Rhône et dans le Bordelais. Cette année, elle a colonisé la Bourgogne et l’Alsace.
La Suzuki, elle suce qui ? Là où la drosophile classique s’attaque aux fruits déjà abîmés, la Suzuki se jette sur les fruits murs et intacts, gorgés de vie et de sucre. Pêche, myrtilles, pommes, prunes sont touchés. Et le raisin ne fait pas défaut.
Cette charmante créature pompe puis pond environ soixante par fruit mûr, contre une ou deux pour la drosophile classique, dévastant ainsi des hectares de récoltes.

 

Ils sont un peu aigris, les cultivateurs de fruits
Et quel est le rapport avec le climat ? Eh bien, l’hiver a été doux et synonyme de fêtes chez les insectes qui ont survécu. Ensuite, le printemps beau et sec a tué les jeunes plants mais permis à cet insecte de survivre et de s’installer. Puis l’été a été pluvieux et l’automne est devenu été indien. Ces changements conviennent à la Suzuki qui est maintenant classée espèce endémique.
Espèce de sale bête, oui, qui contraint les viticulteurs à l’intégrer comme nouveau fléau dans leurs calendriers de contraintes, ce qui n’est pas sans questionnement car il faut savoir comment traiter le parasite sans arroser les vignes de pesticides et détruire tous les auxiliaires.
Chez les Becker, que je connais bien, on déplore ces aléas, mais par amour du vin, on se bat et toujours en bio, s’il vous plaît !

 

Il impacte ce qu’on boit, le climat
Le climat a bien des effets immédiats sur ce qu’on mange… et sur ce qu’on boit ! Il est clair que son dérèglement nous concerne donc tous directement. Si les gens n’en étaient pas encore convaincus ni alertés, peut-être que l’appel de l’estomac agira comme une alerte naturelle ?

Pour l’heure, après des suées et des peurs, la cuvée 2013 d’Alsace sera finalement très bonne pour les raisins sauvés, mais n’atteindra pas les rendements escomptés.
Ou comment, déjà, le climat donne un prix à la rareté… Tous ces effets sont donc à méditer et pour vous aider, vous pouvez relire mon compte-rendu de la conférence sur le climat de Nicolas Hulot… Pourquoi pas en savourant un petit verre ?

A la santé du climat !

 

Share Button