La conférence de M. Hulot

Nicolas-Hulot

Lundi soir, j’ai eu la chance de pouvoir assister à la conférence sur le climat, donnée par Nicolas Hulot à l’Ecole Militaire. Portant le focus sur le climat comme facteur majeur d’instabilité, il s’agissait pour l’intéressé d’informer concrètement un auditoire majoritairement âgé.

 

Exit les climato-sceptiques
Nicolas Hulot a claqué dés le départ la porte au doute, invitant ceux qui ont encore des réserves à lire le paquet d’études compactées depuis des dizaines d’années par le GIEC, montrant la responsabilité de l’homme dans les dérèglements. Nous récoltons aujourd’hui le produit des 150 ans passés, le succès des industries et de la technologie s’étant fait au détriment des ressources fossiles, limitées.
Dette démographique, dette écologique, chaque Occidental pèse aujourd’hui 6 fois plus sur l’environnement qu’il y a 150 ans.

D’un monde d’abondance (illusoire), nous allons passer à un monde de rareté, voire à un monde de pénurie, si nous ne prenons en compte les limites de notre planète. Inutile de préciser que la pénurie n’est pas souhaitable car ingérable… et donc évidemment vecteur de conflits.

 

Les effets concrets du dérèglement climatique
Déjà, les contraintes climatiques pèsent, pour les Africains par exemple. Dakkar, 2,3 millions d’habitants, a dû accueillir dernièrement 300 000 migrants, dont les 2/3 ont été poussés loin de chez eux par la désertification croissante. Ailleurs aussi ce phénomène progresse, comme la salinisation des eaux potables et la perte de terres arables.
En Syrie notamment, la perte de productivité de 80% et la disparition des troupeaux ont porté 1,5 millions de personnes à quitter leur lieu de vie. Si ce n’est pas la cause directe de la guerre, ce facteur n’a rien arrangé et s’est bien porté comme variable aggravante.

 

Les Occidentaux touchés aussi
Aux Etats-Unis, le prix des catastrophes naturelles, de plus en plus fortes, de plus en plus sauvages, ne cesse d’augmenter, se mesurant en milliards de dollars. Ne serait-il pas temps alors d’investir dans les mesures préventives qui vont nous permettre de limiter ces phénomènes ? Chez nous aussi, on voit bien combien les inondations ou tempètes deviennent plus violentes. Et l’érosion des cotes va concerner tous les pays, car 50% des habitants du globe vivent à moins de 50 km de la mer…
Pas moyen de continuer à clamer « Après moi, les mouches ». Car après nous… ce sont nos enfants qui trinquent. Et pas nos arrières-petits enfants. Les conséquences sont là, demain. Alors l’action, c’est ici, maintenant.

 

Un verdict sans appel
Pour Nicolas Hulot, il va falloir au Sommet de Paris fin 2015 une vraie volonté de la part des Etats pour contenir le réchauffement climatique à 2 degrés. Cela va supposer de baisser drastiquement les émissions de gaz à effet de serre, de laisser enfouies 70% des énergies fossiles et d’abandonner évidemment les inepties comme le gaz de schiste.
Et le nucléaire ? Un vieux militaire n’a pas manqué de posé la question, sous-entendant que c’était une énergie propre, ce que M. Hulot a réprimé, ne serait-ce que par « respect pour les victimes ». Il a souligné la spécificité française (58 réacteurs en action), avec laquelle il fallait bien traiter, mais dans le but d’une transition, c’est-à-dire sans plus augmenter le parc, et en investissant dans le renouvelable. Il a dit qu’il était hors de question d’implanter du nucléaire ailleurs ou alors il faudrait beaucoup de centrales partout, et l’accident ne serait plus une probabilité mais une évidence. Il a reparlé aussi du coût du traitement et stockage des déchets, du problème des démantèlements et de l’importation d’uranium et de plutonium. Il a redit que sa conviction était que l’avenir était aux énergies renouvelables.

 

L’espoir du Sommet sur le Climat 2015 ??
J’ai été agréablement surprise par cette conviction sans faille et sans compromis. Il est clair que nous n’avons plus le temps pour la langue de bois. Nicolas Hulot a souligné combien la fenêtre est mince entre ce que nous pouvons faire collectivement et ce que nous subirons si nous ne faisons rien, alors que les conséquences, elles, seront bien différentes.
Il en appelle à la responsabilité des Etats pour  ce qui est pour lui « la dernière chance de sursaut pour l’humanité » lors de la COP21, la grande conférence sur le Climat de Paris fin 2015, avec son préalable, la COP20 de Lima dans quelques jours, qui doit définir les bases de l’accord à finaliser à Paris.

Désormais « Envoyé spécial du Président de la République pour la protection de la planète », Nicolas Hulot a l’air déterminé à utiliser sa notoriété et sa qualité d’expert auprès des politiques.
Il faut que la société civile lui donne raison en continuant à faire savoir que nous voulons des mesures claires et contraignantes concernant la transition énergétique, pour l’instant réduite à des projets.

On ne changera pas de paradigme en regardant le ciel… ou alors si, mais brutalement. Car il pourrait bien finir par nous tomber sur la tête.

 

NB :
Pour visionner la conférence sur le site de l’Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale, c’est ici
et pour lire le billet de Nicolas Hulot sur le tournant de 2015, c’est .

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