Du poids (lourd) des lobbys…

Peut-être, comme moi, en aviez-vous déjà conscience, peut-être pas. Ce qui est sûr en voyant le documentaire « Bruxelles Business » diffusé sur Arte hier soir (et visible pendant sept jours), c’est que le poids des lobbys dans les décisions prises dans les institutions européennes dépasse l’entendement…
…ou comment les lois qui doivent traiter de l’intérêt général sont faites en fait pour satisfaire les grosses multinationales…
…ou comment le serpent capitaliste n’en finit plus de se mordre la queue !

Les lions sont dans l’arène et c’est normal
C’est sûr, un commissaire européen ne peut pas tout savoir. Et on voit bien dans le film comment ce qui devait être juste une consultation d’experts au départ devient trafic d’influence voire corruption à peine déguisée via de vrais chasseurs de têtes, sorte de super-commerciaux au service de clients hyper-puissants… les fameux lobbyistes.
On nous dit qu’ils sont entre 10 000 et 15 000 à Bruxelles et on a peine à imaginer qu’ils tiennent tous dans cette petite ville sympathique !
Je savais déjà que Monsanto et consorts avaient leurs bureaux à côté des institutions européennes, mais je ne réalisais pas à quel point tout ceci était rôdé et toléré.

Quand l’incohérence se lit dans les gobelets
Cette séquence (voir photo) où l’on voit Pascal, le lobbyiste français suivi par le reportage, discuter au moment du café m’a semblé édifiante… par ce qui était dit, bien sûr, mais aussi par ce qui est bu. Entendons-nous, je ne sous-entends pas qu’il y ait du whisky dans les cafés… Non, je parle du support dans lequel ces gens, payés par les contribuables européens dans des institutions soi-disant démocratiques, boivent : un, non deux gobelets en plastique ! Le café doit être bien chaud, alors la plupart double encore l’effectif de consommation.

Ca vous paraît anodin ? Cette scène a lieu tous les jours, avec des centaines de personnes, plusieurs fois par jour.
D’ailleurs, on voit deux autres séquences café, l’une aux gobelets, l’autre aux capsules (je doute qu’elles soient recyclées…). Avec le pognon qu’on donne indirectement à ce genre d’institutions, il ne serait pas difficile d’embaucher des serveurs pour apporter et débarrasser de vraies tasses et les faire laver au lave-vaisselle. L’investissement serveurs-tasses-laves-vaisselles serait très vite rentablisé, ainsi que l’eau utilisée (il existe maintenant de bonnes machines économiques, surtout pour des collectifs).
Alors que là, les déchets à l’année se comptent en tonnes… « Ils s’en tamponnent le coquillard », me direz-vous. Tu m’étonnes !
Comme le reste, le développement durable reste un effet de ménage, greenwashing à tous les étages et on met la poussière sous le tapis.

Comment sortir de l’impasse ?
Normal, si les députés et les décisions sont à la botte des multinationales… Alors comment sortir du cercle vicieux ?
Le film pose la question sans la poser, car il s’attache à montrer les rouages économiques du système, que les dirigeants d’entreprises guident à leur guise, tant les politiques sont soumis à leurs lois.
On finit sur la crise grecque et sur les gens dans la rue, hurlant leur désarroi… Alors, on fait quoi ?

On fait entendre sa voix… on line !
The Brussels Business Online est l’initiative web lancée par les auteurs du documentaire pour prolonger le docu et permettre aux citoyens de l’UE de s’exprimer sur des sujets votés à Bruxelles. La plateforme doit faire le lien avec les prises de décisions. Comment ?
Deux lobbyistes s’affrontent. Le citoyen s’informe et vote pour l’argumentation la plus convaincante. Il peut ensuite entrer en contact avec son eurodéputé et faire entendre son avis.

Why not… c’est déjà un début de quelque chose… Seulement, le virtuel, c’est bien beau, mais il serait quand même temps aussi de reposer la question du rôle de l’élu et son lien DIRECT avec la société civile…
Revenir à la démocra-si !

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