Abus de langage, abus de pouvoir

Une bouche bleu, blanc, rouge…

(photo : http://qc.novopress.info)

Au vu de l’affaire qui oppose Dati à un particulier lui ayant envoyé des mails jugés graveleux, j’ai envie de prendre ma plume… En effet, si l’homme a apparemment joué sur les mots que Rachida Dati avait malencontreusement mélangés lors de son intervention télé désormais célèbre, il ne pensait pas qu’on jouerait à ce point-là sur les maux à lui infliger. En substance, l’auteur a envoyé plusieurs couriels, demandant notamment à Mme Dati de lui faire une inflation.

Si la démarche n’est pas très fine, voire condamnable, je m’interroge sur l’énormité des moyens déployés : saisie d’ordinateur, garde à vue de 48h prolongée et condamnation pour « outrage à à personne chargée de l’autorité publique dans l’exercice de ses fonctions ». Il semble qu’elle ne soit pas forcément caractérisée car l’homme ne s’adressait pas à la personne publique mais à la femme. C’est en tout cas ce que veut plaider l’avocat (1).

Ce que j’aimerais condamner, c’est le dix poids deux mesures qui règne aujourd’hui dans la sphère politique gouvernementale (ou ex-gouvernementale, hein, ça reste la même famille). Car on a quand même un président qui dit « Casse-toi, pov’ con, casse-toi » à un citoyen au Salon de l’Agriculture… qui a certes osé manifester sa désapprobation de lui serrer la main par un trivial « Touche-moi pas ». Mais ne peut-on attendre d’un homme d’Etat qu’il ne s’abaisse à répondre à ce genre de propos, et surtout pas de cette manière ?

Sans compter le fait qu’il radicalise le mal parler très en vogue en ce moment, le président n’a bien sûr pas été inquiété pour ses propos. Non : c’est un homme qui a osé les reprendre et les ré-adresser sur une pancarte à son auteur, lors d’une visite de Nicolas Sarkozy à Laval, qui a été poursuivi. Et pour « offense au chef de l’Etat », ce qui correspond à « une provocation à commettre une action délictueuse ou criminelle contre son auteur »… (2)

Et puis, on a encore mieux : un ministre condamné pour injures raciales toujours en exercice (3) et un ex-ministre resté quand même six mois au pouvoir malgré son implication dans une affaire de détournement de fonds (4)… On touche le fond et ça ne choque personne.

En revanche, quand ces gens-là se sentent attaqués (à tort ou à raison, là n’est pas la question), ça ne rigole pas. Là, on ne prend pas les choses à la légère et tel Hortefeux, on sort la pompe à incendier les incendiaires, on dénonce l’outrage, l’offense, on jure ses grands dieux.

Dieu que tout ceci est cynique. Car le respect pour eux est univoque, il n’y a qu’à voir les propos d’ouverture et de tolérance tenus ces derniers mois, sur les Roms, sur les français non-français, etc. Si je sors aujourd’hui de mon cadre écolo décalé et/ou rigolo, c’est pour dire mon dégoût face à cette France de mauvais goût… Les gouttes d’eau remplissent la cruche…

Y a de l’eau dans le gaz et la société fait pschiiit !
(1) cf article du Post

(2) cf article de Wikipédia

(3) cf article du Figaro

(4) cf l’affaire Woerth-Bettencourt sur Wikipédia

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