Une situation électrique !


Photo : « Retour vers le futur », www.premiere.fr

Qui est NOME ? D’où tire-t-elle son nom ? Et en quoi nous intéresse-t-elle ?

La Nouvelle Organisation des Marchés de l’Electricité doit être étudiée, sous forme de projet loi, en 1re lecture au Sénat à partir de lundi, après avoir été adoptée (en 1re lecture donc) à l’Assemblée en juin. Que prévoit-elle ?

Le texte parle modestement de « réorganisation du marché de l’électricité fondée sur un équilibre entre régulation et encouragement de la concurrence ». Evidemment, il faut lire entre les lignes et savoir décrypter la langue de bois pour savoir de quoi il en retourne réellement (1).

Depuis l’ouverture du marché de l’électricité à des fournisseurs autres qu’EDF, moins de 5% des ménages ont changé d’opérateurs. C’est-à-dire que les sacripans ne font pas marcher la concurrence (2). Du coup, l’Etat veut forcer la main invisible du marché en adoptant une loi visant à la créer artificiellement. Comment ?

L’idée est simple : EDF se verra contrainte de revendre une partie de l’électricité produite via les centrales nucléaires aux opérateurs concurrents. Si une discussion sur les tarifs fixés par EDF tend à décider si ceux-ci comprendront ou non le prix de démantèlement des centrales, il se trouve en tout cas que pour le consommateur, l’issue est claire.
Certes, EDF ne serait plus la seule à en profiter, mais gageons que cela devrait finir par l’arranger, car si les tarifs de la concurrence augmentent, les siens augmenteront aussi (3).

Et si elle négocie bien, l’entreprise qui a construit son empire sur des fonds publics, devrait pouvoir faire supporter aux autres opérateurs une partie des surcoûts de son exploitation nucléaire.
Il n’est bien sûr toujours pas question d’ouvrir le débat sur l’atome et la privatisation et mise en concurrence du secteur ne va pas aider à garantir le bon fonctionnement et la sécurité des centrales, où les conditions de travail se précarisent depuis quelques années (4).

En outre, les coupures seront beaucoup plus fréquentes, comme c’est le cas dans les pays qui ont déjà privatisé le marché de l’électricité comme l’Angleterre ou l’Italie (5). Remarquez, dans mon quartier, cela fait déjà des années qu’il y a des coupures occasionnelles d’une heure en moyenne… En plein Paris ! Et gageons qu’avec la raréfaction des énergies fossiles, cela ne devrait pas s’arranger à l’avenir.
Mais où est donc passée « la fée électricité », la magie du progrès ?

Sans rire, il est donc plus que jamais temps d’investir dans les énergies alternatives ! Mais si EDF fait du Greenwashing(6) dans ses publicités, a-t-elle l’intention d’aller dans ce sens ? Que nenni.

En effet, autre décision avalisée par le gouvernement est passée cet été : les producteurs d’électricité solaire au-dessus de 3 kWc, soit les professionnels du secteur (propriétaires de centrales solaires et panneaux intégrés au bâti) et les agriculteurs pour qui l’installation de panneaux photovoltaïques sur les bâtiments agricoles constitue un complément de revenu, voient le prix de rachat de leur électricité baisser. Pourquoi ? Borloo invoque l’incidence que cela aurait sur les particuliers, l’électricité solaire étant rachetée par la Contribution au Service Public de l’Electricité (CSPE), réglée avec la facture d’électricité (7).

Mais pourquoi ne pas la faire racheter alors directement par les revenus d’EDF, là où se logent les bénéfices ? Si le parc de panneaux solaires français a été multiplié par 10 en deux ans, n’est-ce pas que cela a bel et bien de l’avenir ? Pourquoi tout faire pour bloquer ce mouvement, et en même temps promouvoir la loi NOME, si ce n’est pour nourrir l’intérêt privé plus que le général ? Le Grenelle de l’environnement était décidément une grande mascarade…

Même si une hausse des tarifs se répercuterait aussi sur ses factures, sachez qu’adhérer à Enercoop(8) reste un moyen de soutenir les énergies renouvelables, la coopérative étant la seule de tous les opérateurs qui produit la quantité d’électricité que vous consommez de manière alternative, les autres ne faisant que le dire.

Et pour faire pression en faveur de la non-adoption de la loi NOME, vous pouvez signer ici. En espérant que cela serve à quelque chose… avant que la situation ne s’électrise !

(1) La loi Nome sur le site du Sénat

(2) Loi Nome – fournisseurs-electricite.com

(3) La loi Nome par les syndicats
(4) documentaire RAS Nucléaire, rien à signaler de Alain De Halleux
(5) La grande braderie de l’électricité à travers l’Europe – Le monde diplomatique

(6) EDF nominé en 2009 aux Prix Pinocchio des Amis de la Terre pour son Greenwashing

(7) EDF rachète l’énergie solaire au rabais – France Info

(8) le site d’Enercoop

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