Les pesticides avides…

On commence à le savoir, et ceux qui prétendent l’ignorer ou ne pas se sentir concernés feraient bien de s’y mettre : les pesticides nous agressent de toute part. A force de s’insinuer dans les sols, ils les polluent et tuent la terre qui pour produire ensuite doit être aidée à coups de pesticides, sinon ça ne pousserait même pas. Et le cercle est vicieux.

L’eau des cultures gorgée de pesticdes part dans les nappes phréatiques, les rivières, touchent les poissons. Et donc nous, soit direct au robinet, soit dans l’assiette. Et comme ils ne manquent pas d’air, il est dangereux aussi d’inspirer les-dites substances. Tous les légumes cultivés en agriculture extensive sont potentiellement cancérigènes quand nous croquons dedans tant ils sont gavés de ces fameux « produits phytosanitaires ».

Mais laissez-moi rire : phyto, ça ne voudrait pas dire la santé par hasard ? Mais la santé de qui alors ? Pas des sols, pas des eaux, pas de l’air, pas des animaux, pas des légumes, pas des humains… Hum, hum, ça se corse… Ah, mais oui, suis-je bête ! C’est la santé du portefeuille de ceux qui produisent les produits ! Et la boucle est bouclée.

Mais, tel le cycle de l’eau, celui des pesticides est partout : au contact (même faible mais répété) des pesticides, on ne risque pas seulement le cancer (ou Parkinson comme cela l’a été montré récemment), non, cela poste aussi un problème de fertilité, puisque la concentration de spermatozoïde est inversément proportionnelle à celle de pesticides ingérée, respirée ou touchée.
Les courbes sont édifiantes : en un siècle, la fertilité à littéralement chuté (1).

Et où en est-on aujourd’hui ? Pas très loin, en tout cas, loin du compte. Avec 76 000 tonnes de substances actives vendues par an (2), la France est le premier consommateur de pesticides en Europe et le troisième au niveau mondial. L’agriculture biologique ne représente que 2,1 % de la surface cultivée (3). C’est risible quand on connaît l’augmentation constante de la demande. Les gens ne sont pas bêtes, ils commencent à vouloir manger autre chose que ce qu’on leur sert. Et qui serre la Terre.

Le Grenelle de l’environnement a pointé du doigt l’usage intensif de pesticides dans les cultures françaises. Le plan Ecophyto 2018 qui en a découlé vise une réduction de 50 % des produits phytosanitaires d’ici huit ans  »si possible » (no comment) et le retrait progressif du marché des produits contenant les 53 substances actives les plus préoccupantes. Mais les moyens à mettre en œuvre pour réaliser cet objectif n’ont pas réellement été définis… Ah non ? Comme c’est bizarre.

En 2010, l’étude Ecophyto R&D de l’INRA (2) évalue les techniques et les pratiques pour dessiner des scénarios réalistes de réduction progressive des substances. L’étude conclut qu’il est possible de réduire de 3 à 40 % le recours aux pesticides en moyenne, selon les cultures, par rapport au mode de production intensif, sans affecter le niveau de production.
Pour aller plus loin, il faut passer par un  »retour à l’agronomie » : travail sur la date et la densité du semis, le choix variétal, la rotation des cultures… ce qui paraît quand même être le b.a.-ba de l’agriculture…

L’étude demande de privilégier les techniques de protection intégrée, ce qui veut dire que plutôt que de tout miser sur la guerre contre les parasites (animaux ou végétaux) à grands coups de pesticides, il faudrait des systèmes d’exploitation qui permettent la régulation des « attaques » et l’harmonisation des cultures avec leur environnement. Aller vers l’agriculture biologique, en somme !

Enfin, sachez que les cultures les plus arrosées de pesticides en tous genres, sont la pomme de terre, le colza (présent dans beaucoup d’aliments transformés) et la vigne…
Avis aux hédonistes, le vin bio s’est bien développé ces dernières années et on trouve du bon à tous les prix… Il faut juste goûter, choisir… et déguster pour se réconcilier avec la vie !

PS : bio veut dire vie…

(1) cf courbe sur le site du MDRGF

(2) rapport sur le plan Ecophyto 2018 sur le site d’Actu-Environnement
(3) chiffre INSEE
(4) non, il n’y avait pas de (4) dans le texte, ne cherchez pas ! C’est juste pour remettre le lien vers le site de France Nature Environnement, dont j’ai utilisé les affiches très parlantes !

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