Le plastique, c’est pas fantastique


Photo extraite de « L’emballage qui tue »
(Inge Altemeir et Reinhard Hornung)

« Le plastique, c’est fantastique », chantait Elmer Food Beat dans les années 90 pour vanter les mérites du préservatif qui bloque les transmissisons de maladies, oui, et qui est aussi un puissant contraceptif. Aujourd’hui, on apprend que les plastiques des emballages alimentaires rendent stériles, et surtout les hommes… Cherchez pas de logique, justement, y en a pas !

Dans le reportage « L’emballage qui tue » diffusé avant-hier soir sur Arte*, il est montré que les plastiques alimentaires contiennent énormémement de phtalates, ces substances sympathiques, déjà montrées du doigt dans les cosmétiques.

On le sait, elles rendent stériles. Les hommes qui en consomment directement, oui, mais aussi les enfants mâles à travers leurs mères. Tout le monde est donc tenu d’y faire attention. D’autant que la magie avec ces substances, c’est qu’on ne sait jamais où ça s’arrête : on démontre un effet nocif, mais plein d’autres peuvent exister aussi dans la même substance ou dans d’autres. C’est comme les trains : un phtalate peut en cacher un autre.

Et dans le train-train de l’industrie alimentaire, qui s’en soucie ? Sûrement pas les fabricants, qui font produire en Chine des emballages interdits de fabrication en Europe. Les Chinois produisent donc pour exporter. Mais, pas fous, ils n’utilisent surtout pas ces emballages pour leur propre alimentation, ni même celle des animaux (comme l’indique la photo). Ca me fait penser au sketch des Inconnus « On va tous vous niquer ». Je carricature évidemment, mais c’est un peu ça.

En même temps, ils ont raison, qui peut les blamer ? C’est ce qu’on leur demande et on les paie pour ça. C’est ça, la magie des toxiques, ce qui est toxique à l’endroit A peut être fabriqué à l’endroit B. Et ne semble plus être considéré comme toxique à l’endroit A, puisque finalement, il y revient et y est commercialisé, bien à vue, sur les étagères des supermarchés. Magique, je vous dis !

Et de vue, il est question, puisqu’outre les phtalates et le biphénol A – oui, celui des biberons : eh bien, magique, on ne le trouve pas que dans les biberons – dans les plastiques, les encres des cartons sont aussi mises en cause. Et ce toxicologue suisse (oui, je l’ai toujours dit, les Suisses sont tout sauf lents) de relever : « c’est même dans les emballages les plus attrayants qu’on trouve le plus de substances toxiques. » Isn’t that ironic ?

Ironique ? Carrément cynique, oui. Car il suffirait d’une décision ministérielle pour tout interdire. Mais quand on interroge la directrice de l’AFSSA (Agence Française de Sécurité Alimentaire), elle demande de couper la caméra. Réjouissant. Et très rassurants, ces gens qui nous gouvernent. Une fois encore on sert d’abord les intérêts des grandes boîtes avant la santé des consommateurs. Pour nous pas de dessert ! Ou alors emballé au poison. Et encore moins de champagne : certains le boivent, tous les autres trinquent.

Pour finir, un mot de la consommatrice qu’on voit dans le reportage : maman de deux garçons, elle est un peu désorientée et on la comprend. Ceci dit, j’ai un peu de mal à comprendre quand les gens disent : « Je veux faire autrement » et continuent à aller au supermarché et à faire du riz préemballé à cuire comme ça.

Quand on veut faire autrement, il y a vraiment des alternatives efficaces aujourd’hui. A commencer par les AMAP, bon marché dans tous les sens du terme : les légumes peu chers arrivent direct de chez le producteur, sont garantis sans pesticides et bien de chez nous. Et le contrat qui unit l’adhérent et le paysan devient contrat de confiance. Contrat de conscience.

Je ne peux pas dire « Je veux faire autrement, mais je continue à faire pareil ». Et d’invoquer toujours l’argent (le manque), le temps (le manque), l’envie de cuisiner (le manque). Quand on veut changer, on peut s’en donner les moyens. Il y a des solutions à trouver pour tous, relayées par de nombreux réseaux associatifs. Cela passe par de grosses réadaptations dans le quotidien, c’est sûr. Ca peut demander des efforts au premier abord, mais après, c’est la promesse d’une vie plus saine et plus libre.

Ceci dit, à rappeler la responsabilité individuelle, je n’oublie pas la responsabilité calamiteusement assumée par ceux qui nous gouvernent et nous servent à manger. Il est important de se mobiliser pour faire interdire ces substances et soutenir la recherche de ceux qui se préoccupent plus du citoyen.

Pour que ne nous soyons pas que des con-sommateurs.

*le reportage est encore visible pendant 5 jours sur Arte+7

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