Un pressing vert… et pas mûr !


Duramou, le fer à repasser de « Téléchat »…

Comme je devais faire nettoyer à sec une veste qu’on m’avait prêtée, je me suis penchée sur la question du « pressing vert »… « Quand même, ça doit faire longtemps que ça existe à Paris ! », me suis-je dit naïvement. Eh bien que nenni. Et croyez-le ou non, c’est pas gagné !

En quelques clics sur Internet, j’étais déjà au coeur du problème : tout le monde s’accorde pour dire que le perchloroéthylène (à vos souhaits !), solvant le plus utilisé, est toxique. En revanche les alternatives ne sont pas si évidentes à trouver…

Pour l’INRS (Institut National de Recherche et de Sécurité), le perchloroéthylène est un produit hautement toxique pour l’environnement et les milieux aquatiques, cancérigène probable pour l’homme (CIRC, 1995), irritant des voies respiratoires et neurotoxique. En janvier 2007, l’état de Californie a voté un retrait progressif des machines de nettoyage à sec au perchloroéthylène à l’horizon 2020… Schwarzenegger, Terminator de l’écologie, je vous dis !

En France, comme d’habitude, c’est moins évident. Nathalie Kosciusko-Morizet avait pointé du doigt le perchlo et prévenu que les contrôles allaient se renforcer. Aujourd’hui, on n’est pas plus avancé. Pour la suite, il faudra repasser !

Quelles alternatives, alors ?
Le nettoyage au CO2 liquide, développé en 1994 en collaboration avec l’Agence pour l’Environnement Américaine (EPA), permet d’utiliser le CO2 des émissions industrielles et agricoles dans un détergent très efficace et non-toxique, mais est encore cher… et surtout n’est pas développée en France. C’est pourtant alléchant comme chaîne de recyclage !

Le « Wet Cleaning » (traduit au Canada par « nettoyage multitraitement ») est une technique de blanchissage sophistiquée qui utilise de l’eau (trop ?) et des détergents biodégradables dans des machines à laver informatisées. Une blanchisserie moderne, en somme, qui mobilise de nombreuses mains. A Chicago, dans une banlieue sinistrée par le chômage, un projet pilote impliquant la ville et les organismes sociaux de réinsertion a ouvert un Wet Cleaning pour réinséré les mères célibataires et autres populations paupérisées. Une idée pas pauvre, mais qui n’existe pas chez nous.

Enfin, le procédé GreenEarth s’est beaucoup développé et existe aussi en France… mais porte à polémique. Il utilise le siloxane, solvant nouvelle génération composé de silicone, produit dérivé de la pétrochimie. Sans odeur, il ne produirait pas de vapeurs toxiques et détacherait tout tissu, selon ses concepteurs. Cependant, ni l’Agence de l’Environnement Américaine (EPA) ni la Coalition pour l’Air Propre (Coalition for Clean Air) n’ont encore accordé de label vert à la technologie GreenEarth.
Et pour cause… C’est actuellement le sujet d’une étude pour décider de son interdiction totale au Canada, car le GreenEarth a été identifié comme polluant aquatique et terrestre ! En outre, comme un bonheur ne vient jamais seul, il est supçonné d’être cause de cancer aux USA. Et les déchets de ce procédé sont traités comme toxique au Canada.

Je me suis crue soulagée quand j’ai vu qu’il existait un nouveau type de machine à laver, IPURA, qui consomme peu d’eau et d’électricité et permet de laver tout textile. Mais peu sont installées en France, aucune à Paris pour l’instant. Et certains disent que ce système utilisant de l’hydrocarbeur, son inflammabilité mettrait en question la sécurité du personnel et des résidents alentour…

Y a de l’eau dans le gaz, donc, et aucune alternative ne semble vraiment convaincante pour l’instant ! La mort dans l’âme, j’ai donc apporté la veste au pressing du coin de la rue et l’ai fait nettoyer en étant consciente que les méthodes utilisées ne seraient pas écolos du tout.

Et je n’ai pas eu le choix, puisque dans ce secteur les méthodes vertes ne sont pas mûres !


sources dans cet article et surtout dans la discussion attenante

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