La touffe blanche au vent…

Hier pour le réveillon, une fois n’est pas coutume, j’étais de spectacle au manège de Bartabas à Aubervilliers pour voir le dernier opus de la troupe, « Darshan ». Je n’avais jamais vu de prestations de Zingaro, j’avais donc hâte de voir les chevaux pris au garrot, euh au galop. Et la mise en scène d’innover, apparemment.

Après une assez longue attente et guidée désorganisée jusqu’à nos gradins, nous nous sommes retrouvés sur un gradin conique et central, tournant légèrement sur lui-même, afin de nous faire admirer les séquences qui se déroulaient devant et derrière une épaisse toile de cinéma. Les idées s’enchaînent, les images se déchaînent : chevaliers de l’Apocalypse, arche de Noé, retour à la vie primitive, avec ses rapports à l’animal plus direct, guerre, fin du monde… Du moins, c’est ce que j’y ai perçu.
De très belles idées marquent, comme celle où un cheval et son cavalier se trouvent devant la toile, sont doublés derrière, et donnent l’impression de bouger en même temps que leur ombre, alors qu’en fait il y a deux cavaliers et deux chevaux en tout… C’est pas facile, facile à expliquer, ça gagne à être vu !

Globalement, oui, le spectacle vaut le coup. Bartabas et son univers graphique et audiovisuel (la musique est très présente) nous emmènent. Mais c’est vrai qu’il est un peu décevant de ne pas « voir » assez les chevaux, dans le manège, devant la toile, tourbillonner devant nous. Le plus beau moment est pour moi ce cheval blanc, queue levée, tournant à tout galop autour de la piste, en regardant ses comperses qu’on voit courir aussi en transparence floutée. Ils sont derrière le voile, il est devant. Et la queue au vent, ça veut dire qu’il est super-content. Qu’il est tout fier ! Et c’est jouissif à voir.

La soirée s’est curieusement finie, car dans le noir précédant les applaudissements, une femme s’est permis de hurler lâchement un « on s’ennuie ! », à l’encontre des comédiens tombés à nos pieds. J’ai trouvé ça d’une irrévérence inouie. Même si j’ai quelques réserves, on ne peut que respecter le travail fourni et on ne harangue pas ainsi l’équipe. Sinon, il fallait rester devant Patrick Sébastien à manger du hareng. Le théâtre, oui, c’est toujours « une prise de risque », dans la mesure où on n’y va pour se laisser surprendre. Après, on apprécie ou moins, on y réfléchit ou pas, on s’extasie ou on fulmine…
Mais pas de triste mine qui tienne, c’est comme la vie. Bonne année dans le vent, verte bien sûr, pleine de surprises… et de respect !

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