Le petit lapin, le grand l’a peint


photo http://blog.theclimber.be

Ce titre est, bien sûr, un hommage à Boby Lapointe…
« Té, on lui a dit fais une affiche pour le café
Peins une grosse cafetière et tout petit derrière
Une pin-up qui l’a tient
Et le petit l’a peint »
(Tchita la Créole)

Il y a toutes ces nouvelles, concomitantes, sur lesquelles j’ai mis le nez…
D’abord, le Comité Lapin Interprofessionnel veut faire manger l’animal à grands coups de manipulation via Internet*.

C’est que les Français n’aiment pas manger du lapin, qu’ils trouvent mignon et qu’ils domestiquent à l’occasion. Alors, comme la bestiole jouit d’une aura plutôt sympathique, la vente de civet bat de l’aile et le CLI brasse de l’air.
Ca l’ennuie un peu, alors il a décidé… de déprécier l’image du lapin au moyen de spots navrants (pour qu’on n’ait pas de scrupules à en manger).

Les clips montrent un grand dadais avec des oreilles d’âne (enfin soi-disant de lapin) qui se comporte mal en société.
D’où le slogan « Le lapin, il mérite vraiment de passer à la casserole ».
Et là… on rigole !
Déjà, le ridicule de la pub n’incite pas à quoi que ce soit, à part peut-être à aller revoir des leçons de bien savoir-vivre, ce qui serait forcément moins ennuyeux et plus drôle.

Ensuite, je vois mal comment les gens vont associer le lapin à cet acteur blaireau mal léché, et donc acheter sa viande pour le dévorer !!
Efficacité nulle, donc. Ou alors inverse à l’effet escompté. Ils auraient carrément mieux fait de s’adresser aux concepteurs des « Lapins crétins »…

D’autant qu’il faudrait quand même rappeler que si le lapin est mieux sur pattes qu’en pâte, c’est que pour l’élever, c’est à grands renforts d’antibiotiques et autres médicaments.
De l’élevage de lapin bio, ça n’existe pas. Parqué par centaine ou milliers dans des clapiers, le lapin ne survit pas sans sa dose pharmaceutique, c’est une bête fragile.

Parle à mon râble, ma tête a mal. Donc, si on mange de ces animaux, on peut facilement imaginer qu’on ne se fait pas vraiment du bien.
Le vrai lapin fermier, on en est loin. Seule solution : connaître un paysan qui fait de l’élevage très limité (et qui ne leur donne pas d’OGM à manger).

Ensuite, dans les nouvelles qui font mal, il y a cette recrudescence de la fourrure.
Oublié les beaux principes affirmés il y a quelques années, le lobby des fourreurs a fait fureur et a eu raison des résolutions.

Pourtant rien n’a changé, les pratiques sont les mêmes : on tue des milliers de petites bêtes, chinchilla, vison, ou… foetus d’agneau.
Si, si : le breit est de la fourrure de foetus d’agneau avorté (arraché précocement à la brebis), car les poils présentent ainsi un aspect pas fini, joliment mouillé, dû au liquide amniotique**… miam !

Et la viande ? On peut même pas la manger, du coup. C’est là que le lapin fait fort : on utilise sa peau pour moins cher (donc pour que la France d’en bas ait sa fourrure), et on mange la viande. Pas de gaspillage.
Mouaif, l’argument tiendrait la route, si… Eh ben, retour à ce que je disais plus haut… si vraiment le lapin, ça valait le coup d’en manger !

En clair, avec leurs arguments foireux, ils nous la mettent bien profond, lapine, et nous, on en retire encore plus d’affection pour les petits lapins.

Pardon d’être vulgaire, mais ces batailles d’industriels me hérissent un peu le poil…

*source rue 89

**vu dans Capital (pour une fois qu’on apprend quelque chose sur M6, ça vaut le coup de le dire)

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