Merdier total


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Alberta… Ca pourrait être un joli prénom : des consonances hispaniques en même temps qu’un aspect un peu « vieille France »… Et pourtant, elle est salie, harcelée, violée, Alberta… Alberta ?
C’est le nom de cette région du Nord-canadien, investie notamment par Total pour exploiter ses sables bitumeux… C’est-à-dire mettre en oeuvre la « façon la plus chère, la plus sale et la plus énergivore de produire du pétrole », comme le dit Greenpeace. Enfin, quand je dis « mettre en oeuvre »… En fait d’oeuvre, il s’agit plutôt d’un saccage. D’un concentré de ce qu’on peut faire de pire en matière écologique aujourd’hui.

En effet : ce bitume est « très visqueux et lourd, aggloméré avec du sable ou du schiste » et ne peut être retiré en surface dans des mines à ciel ouvert que pour 20 % de la quantité.
Pour extraire les 80 % restant, de l’eau et du gaz sont tour à tour nécessaires pour fluidifier et pomper le bitume. En somme, « pour produire un baril de pétrole, il faut deux tonnes de sables bitumineux, plus de cinq barils d’eau et l’équivalent en gaz naturel de la consommation d’un foyer pendant une journée et demi. En bref, la production d’un baril de sables bitumineux est trois à cinq fois plus émettrice en gaz à effet de serre qu’un baril de pétrole conventionnel ». Notons aussi que pour les exploitations de surface, eh bien, il faut ratiboiser le terrain, c’est-à-dire déforester à tour de bras…

Et Total de dire qu’ils attendent « les règles fixées par l’Etat pour opérer dans le respect de l’environnement » ! Et d’ajouter qu’ils n’en sont qu’aux enchères sur les terrains (Canadiens) et à l’étude… alors que le gisement de Surmount est déjà en (co)production avec d’autres grands groupes. Décidément, l’illusion est totale !

Et Ottawa semble tarder à réagir, et le silence est généralisé sur cet enjeu de taille. Pas une ligne dans les médias, à part Libé en octobre, cherchez la faille !

Et pendant ce temps… Total compense, Total amasse : un coup d’oeil sur les chiffres du dernier trimestre 2009 ? Les pauvres, ils font -54 % par rapport au 3e trimestre 2008 ! Mais quand même 14 % de mieux qu’au 2e trimestre 2009… Ah, nous voilà soulagés ! Il est vrai que cela représente la bagatelle de 2,7 milliards de dollars pour le résultat net ajusté. Alors quand on sait que l’exploitation des couches bitumeuses, en raison de la technologie (et de l’énergie !) nécessaires augmenteront encore le prix du baril… On se dit que ceci explique peut-être cela…

Sources : dossier de Greenpeace « Total invente la destruction durable »

article de Libération du 10 octobre 2009 « Greenpeace met son grain de sable »

et les Résultats du 3e trimestre 2009 de Total

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