Articles du mois février 2015

OGM : ne soyons pas naïfs !

ogm-vache

Au menu : petit éclairage sur la nouvelle directive européenne concernant les OGM, adoptée le 13 janvier… Bon appétit !

 

Entrée : une vieille directive foireuse
Nouvelle directive ? Mais je ne connaissais même pas l’ancienne, me direz-vous.
Eh bien ces 15 dernières années la directive 2001/18 donnait pouvoir à la Commission européenne pour décider si un OGM pouvait être cultivé en Europe ou non. Les Etats n’avaient leur mot à dire que dans une certaine mesure, puisque pour invalider le choix de la Commission, les  CONTRE doivent représenter au moins 55 % des États et regrouper au moins 62% de la population de l’Union Européenne, selon une loi bien bureaucratique… et contre tout bon-sens démocratique.
D’autant que la Commission n’est pas élue par les citoyens, rappelons-le.

Ainsi 5 OGM ont obtenu une autorisation de culture dans l’UE, mais les maïs BT176 et T25, et la pomme de terre Amflora ont été abandonnés. Seul était cultivé jusque-là le maïs MON810 de Monsanto, qui a demandé le renouvellement de son autorisation.

Et en février 2014 est arrivé ce qui devait arriver.
Le maïs TC1507 de Pioneer a été autorisé alors que seuls 5 Etats y étaient favorables et 19 (dont la France) NON !
4 abstinents ont fait figure de mauvais élèves, aidant la balance à pencher du côté des pour.
Les Etats contre représentaient bien 55% des Etats membres, mais « que » 52,64% de la population…

5 Etats imposent donc leur choix à 19 contre et 4 « sans opinion »… et à 500 millions de personnes !

Pour le maïs MON810, les Etats avaient réussi à faire valoir bon an mal an (et moyennant quelques rebondissements pour la France) des moratoires, interdisant la culture sur leur territoire.
Impossible pourtant d’interdire la commercialisation du produit fini, qui envahit les assiettes, via les granulés des élevages et la lécithine de soja ou de colza utilisée à gogo dans l’agro-alimentaire.

Alors face à ce charivari législatif communautaire, on peut penser la nouvelle directive mieux adaptée… Que nenni !

 

Plat principal : une nouvelle directive hypocrite
Il faut rester conscient que la Commission est à la botte des lobbys et des multinationales et ne fait pas grand-chose pour aller dans le sens des citoyens. D’ailleurs, elle n’est pas élue par eux, contrairement au Parlement.
Ainsi, les négociations du TAFTA ont commencé dans le plus grand secret, avant qu’elles ne soient dénoncées par un certain nombre d’associations et d’ONG.
Et ce que la nouvelle directive permet, c’est ni plus ni moins, ce que ce traité voudrait étendre à toutes les marchandises : la possibilité pour les grosses entreprises de contester le refus d’un Etat de commercialiser leurs produits.
Où ça ? Potentiellement devant des instances d’arbitrage commerciales qui sortent du champ de compétence des cours traditionnelles… soit des tribunaux à la solde des multinationales, qui possèdent déjà les experts qui font référence en terme de risque sanitaire.

Donc en clair : la nouvelle directive dit que la Commission continue à décider (et à dire oui aux OGM), mais que chaque Etat peut dire non. Waouh, super ! Ben non, puisque si l’Etat dit non, c’est là que la multinationale directement négcocier avec lui, et l’amener devant des tribunaux mal définis.

Evidemment, il est présenté dans les communiqués officiels que la nouvelle directive est plus respectueuse du pouvoir national, mais c’est une façon de tourner les choses. De les retourner, même.

 

Fromage ET dessert : stop au cynisme !
Sur le sol européen, les OGM sont pour l’instant majoritairement cultivés en Espagne, mais aussi au Portugal, en République Tchèque, en Roumanie et en Slovaquie. Ce n’est pas beaucoup, même si, encore une fois, l’Europe est déjà massivement importatrice de produits finis.
Mais c’est justement parce que les citoyens ne sont pas d’accord avec la culture OGM et que l’Europe résiste que les multinationales veulent forcer les barrières.

Il faut donc suivre de très près ce qui se passe et signer dés que possible les pétitions qui sont porteuses de signatures dans le cadre législatif européen, car elles ont un poids réel. Il faut demander une meilleure évaluation indépendante des risques, comme l’étude de Gilles-Eric Séralini, ou même cette étude égyptienne faite récemment.
Il faut aussi surtout continuer à informer autour de nous, car le meilleur ami des profiteurs et vendeurs de m…, c’est l’opacité !

A bon éclaireur, allume ta bougie car la lumière est (forcément) au bout du tunnel.

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Juste ça…

Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent ; ce sont
Ceux dont un dessein ferme emplit l’âme et le front.
Ceux qui d’un haut destin gravissent l’âpre cime.
Ceux qui marchent pensifs, épris d’un but sublime.

Victor Hugo, Les Châtiments

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