Articles du mois juin 2014

OGM : la loi des séries

ogm-piqure

Voici en exclusivité, cinq épisodes d’un coup de la série OGM, les feux de l’amour et de la haine. Les grands feux, même, car on oscille entre autorisation et destruction. Et l’équilibre est sur le fil du rasoir. Piqûre de rappel.

 

* avril. Du maïs contaminé OGM en France
Greenpeace dénonce la présence de six OGM différents dans des semences de maïs “certifiées sans OGM”. Le ministre de l’environnement s’en inquiète et décide de faire enquêter la DGCCRF, la direction générale de la répression des fraudes…

 

* 5 mai. La France interdit les OGM
Pendant ce temps-là, la FNSEA, dans le rôle du sombre conspirateur à la botte des multinationales, saisit le Conseil d’Etat par la voie de sa branche maïs (L’Association générale des producteurs de maïs). Objet : demander la suspension de l’arrêté qui interdit la culture et la commercialisation du maïs OGM MON810. Motif : l’urgence et le fond de la mesure.

Le Conseil d’Etat délibère… en faveur du maintien de l’arrêté ! Il considère qu’il n’y a aucune urgence démontrée, au regard de la situation de la branche maïs en France. Ouf ! Mais la situation n’est pas arrêtée… en effet, les requérants déposent un recours.

Tout se solde quelques heures plus tard, au Sénat. La seconde Assemblée adopte à 172 voix contre 147 la proposition de loi interdisant la mise en culture des variétés de maïs génétiquement modifié… Une loi interdisant tous les maïs OGM : plus fort qu’un arrêté. La contamination d’avril a sûrement aidé à la prise de décision.
C’est une victoire en France. Cocorico !

Seulement, c’est sans compter les 81 sénateurs UMP, qui dans le rôle des corrompus, saisissent le Conseil constitutionnel, jugeant que la primauté du droit communautaire n’est pas respectée. En effet, l’Europe autorise la culture de maïs transgéniques interdits en France. Et s’apprête à tolérer de nouvelles variétés.
Pour sortir la France de l’illégalité sans être obligés de subir les OGM, il faut donc faire changer les règles au niveau de l’Europe ! Tantantan…

 

* 11 juin. L’Europe assouplit les règles sur les OGM
C’est là que ça se complique. Car l’Europe est une grosse puissance où se jouent de sombres batailles d’influence. Et il semble que la balance penche du côté des multinationales, avec les tractations pour le TAFTA
Même si la force des citoyens commencent à se faire entendre, portée par des collectifs et quelques politiques.

Et le 11 juin, la directive, examinée par le Conseil des ministres de l’environnement, propose de rendre les Etats plus autonomes en ce qui concerne la culture de plantes transgéniques. Ce qui, selon l’orientation prise, peut être une très bonne ou une très mauvaise chose.

En effet, que chaque Etat puisse décider paraît sain et, somme toute, logique.
Sauf que, comme le souligne Corinne Lepage, «le texte du Conseil ne donne aucune base juridique solide pour réellement interdire la culture d’OGM et confère un poids exorbitant aux compagnies de biotechnologie dans le processus de décision», leur ouvrant la porte à d’éventuels recours… ce qui rejoint la volonté du TAFTA, de rendre clairement les multinationales plus fortes que les Etats, plus fortes que la justice ! Oups…

 

* 24 juin. L’étude de Séralini republiée
Au même moment… Rebondissement. Est republiée l’étude controversée qui montre que les OGM sont dangereux à long terme sur le métabolisme des rats, qui contractent des tumeurs pas franchement bénignes. Face aux lobbys des pro-OGM déclarant que l’étude avait des failles de procédure, celle-ci avait été dépubliée.

Rappelons juste que les études menées par les vendeurs d’OGM le sont par des scientifiques payés par eux, qui ne se donnent pas la peine d’étudier les effets sur des périodes aussi longues que celles du Pr Séralini. A qui on a reproché d’utiliser telle espèce de rats… utilisée pourtant dans les études des vendeurs d’OGM. Bref, tout ceci se déroulait dans un épisode précédent, que je vous invite à revoir si vous n’avez pas suivi.

Petit pied de nez aux loueurs de transparence, dont les pères ne sont pourtant pas vitriers, l’étude est republiée chez Environmental Sciences Europe (groupe Springer), revue qui fonctionne en “open source”. Ce qui permet de consulter toutes les données citées. Que les vendeurs d’OGM en fassent autant avec les leurs !
On risque surtout de rire… Jaune. Jaune maïs.

 

* juillet. Destruction des champs de maïs OGM contaminés
Après un travail d’investigation, la DGCCRF a effectivement identifié 168 hectares de maïs potentiellement contaminés en régions Aquitaine et Poitou-Charentes.
Les agriculteurs concernés ont détruits eux-mêmes les maïs avant la floraison pour éviter le risque de contamination. Ils ont été dédommagées par le distributeur auprès duquel ils s’étaient procurés ces semences. Qui étaient certifiées sans OGM.

La DGCCRF suit pourtant un plan de contrôle. Qui a pourtant été contourné. La France va-t-elle le renforcer ? Et va-t-elle faire poids auprès de l’Europe pour faire pencher la balance de l’autre côté… notre côté, celui des citoyens ? Suspens.

 

La suite s’écrit, jour après jour. Les pressions font rage. La plupart des gens et des politiques dorment ou se laissent endormir…
Pas tous non plus. Wake up !

Pour interpeler les marques de l’agro-alimentaire, afin qu’elles n’utilisent pas d’OGM dans la fabrication de leurs produits, c’est par ici.

Share Button