Articles de l'année 2009

Les chats persans font leur percée



« Les chats persans » ou « Le péril jeune » version iranienne…

C’est un film d’actualité. Presque un docu-fiction. Le réalisateur, Bahman Ghobadi, Irano-kurde exhilé à l’étranger, filme la jeunesse iranienne et la musique de son vague à l’âme. Ca vibre, ça rocke, ça bluese et ça remue. Le film a été tourné en 17 jours, sans autorisations, avec des musiciens, acteurs non-professionnels, qui jouent ce qu’ils sont. Qui jouent de leurs instruments, énergiquement, mais sans trop monter le son.

C’est que toute pratique de la musique est illégale sous le régime « dictatorio-islamiste » d’Iran. Et les voisins peuvent appeler la police. On fait de la prison pour avoir monté un groupe. Monter… Le terme se décline dans des expressions qui collent au film : monter un groupe, monter le son, monter les étages…
Et il y a la descente aussi : descente de verres, descente de flics, descente aux enfers…

En Iran, le réalisateur explique que les chats (et les chiens) sont considérés comme impurs et ne sortent donc pas des maisons, où ils sont pourtant bien représentés. Et la musique, ils l’écoutent et semblent l’apprécier. Ce sont eux qui ont donné le titre au film. « Chat va, chat vient ».

La jeunesse Iranienne est aujourd’hui dans la rue. Dans ce film, elle est aux abois, mais dans les sous-sols. Et elle crée, elle vit, elle dit son envie d’ailleurs. Les protagonistes de l’histoire cherchent à se faire faire passeports et visas. Pour partir, prendre le large. Leurs espoirs sont le moteur du film… Qui mérite d’être vu et soutenu. Pour dire que même ici, on se soucie de là-bas, et que nos âmes libres sont solidaires… par-dessus les vagues qui nous séparent.

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Le petit lapin, le grand l’a peint


photo http://blog.theclimber.be

Ce titre est, bien sûr, un hommage à Boby Lapointe…
« Té, on lui a dit fais une affiche pour le café
Peins une grosse cafetière et tout petit derrière
Une pin-up qui l’a tient
Et le petit l’a peint »
(Tchita la Créole)

Il y a toutes ces nouvelles, concomitantes, sur lesquelles j’ai mis le nez…
D’abord, le Comité Lapin Interprofessionnel veut faire manger l’animal à grands coups de manipulation via Internet*.

C’est que les Français n’aiment pas manger du lapin, qu’ils trouvent mignon et qu’ils domestiquent à l’occasion. Alors, comme la bestiole jouit d’une aura plutôt sympathique, la vente de civet bat de l’aile et le CLI brasse de l’air.
Ca l’ennuie un peu, alors il a décidé… de déprécier l’image du lapin au moyen de spots navrants (pour qu’on n’ait pas de scrupules à en manger).

Les clips montrent un grand dadais avec des oreilles d’âne (enfin soi-disant de lapin) qui se comporte mal en société.
D’où le slogan « Le lapin, il mérite vraiment de passer à la casserole ».
Et là… on rigole !
Déjà, le ridicule de la pub n’incite pas à quoi que ce soit, à part peut-être à aller revoir des leçons de bien savoir-vivre, ce qui serait forcément moins ennuyeux et plus drôle.

Ensuite, je vois mal comment les gens vont associer le lapin à cet acteur blaireau mal léché, et donc acheter sa viande pour le dévorer !!
Efficacité nulle, donc. Ou alors inverse à l’effet escompté. Ils auraient carrément mieux fait de s’adresser aux concepteurs des « Lapins crétins »…

D’autant qu’il faudrait quand même rappeler que si le lapin est mieux sur pattes qu’en pâte, c’est que pour l’élever, c’est à grands renforts d’antibiotiques et autres médicaments.
De l’élevage de lapin bio, ça n’existe pas. Parqué par centaine ou milliers dans des clapiers, le lapin ne survit pas sans sa dose pharmaceutique, c’est une bête fragile.

Parle à mon râble, ma tête a mal. Donc, si on mange de ces animaux, on peut facilement imaginer qu’on ne se fait pas vraiment du bien.
Le vrai lapin fermier, on en est loin. Seule solution : connaître un paysan qui fait de l’élevage très limité (et qui ne leur donne pas d’OGM à manger).

Ensuite, dans les nouvelles qui font mal, il y a cette recrudescence de la fourrure.
Oublié les beaux principes affirmés il y a quelques années, le lobby des fourreurs a fait fureur et a eu raison des résolutions.

Pourtant rien n’a changé, les pratiques sont les mêmes : on tue des milliers de petites bêtes, chinchilla, vison, ou… foetus d’agneau.
Si, si : le breit est de la fourrure de foetus d’agneau avorté (arraché précocement à la brebis), car les poils présentent ainsi un aspect pas fini, joliment mouillé, dû au liquide amniotique**… miam !

Et la viande ? On peut même pas la manger, du coup. C’est là que le lapin fait fort : on utilise sa peau pour moins cher (donc pour que la France d’en bas ait sa fourrure), et on mange la viande. Pas de gaspillage.
Mouaif, l’argument tiendrait la route, si… Eh ben, retour à ce que je disais plus haut… si vraiment le lapin, ça valait le coup d’en manger !

En clair, avec leurs arguments foireux, ils nous la mettent bien profond, lapine, et nous, on en retire encore plus d’affection pour les petits lapins.

Pardon d’être vulgaire, mais ces batailles d’industriels me hérissent un peu le poil…

*source rue 89

**vu dans Capital (pour une fois qu’on apprend quelque chose sur M6, ça vaut le coup de le dire)

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Un gros "mais" pour le maïs MON 810


Le maïs du futur : plus facile à manger… et à ranger !

Le HCB vient de rendre son rapport. Rien à voir avec le nom d’une substance hallucinogène ou chimiquement dangereuse, le HCB, c’est le Haut Conseil des Biotechnologies, saisi par le gouvernement d’une demande pour tenter d’autoriser ce maïs transgénique interdit de culture en France depuis 2008 (grâce au fameux moratoire obtenu face à l’Europe, et ce dans plusieurs pays*).

Et c’est le recalage pour Monsanto ! Il était presque temps… Entre autres arguments, la nocivité des champs de MON 810 est supérieure à celle des champs traités aux insecticides (dont l’impact cancérigène sur la santé est déjà fort). Et puis l’HCB fait remarquer que les attaques d’insectes ravageurs sont relativement rares et ne justifient pas de telles cultures. En outre, ces insectes peuvent développer une résistance aux insecticides contenus dans le maïs (oui, un OGM peut directement contenir le pesticide en lui), comme cela s’observe déjà. Enfin, les études demandées sont souvent effectuées sur des courtes durées, ce qui ne permet pas réellement d’évaluer les risques sanitaires.

Monsanto trouve cette décision « regrettable »… C’est marrant, nous, ce qu’on trouve regrettable, c’est les stratégies commerciales qui consistent à nous vendre des vessies pour des lanternes, au détriment du bien et de l’intérêt commun. Normal, pour eux, l’intérêt ne peut qu’être privé.

Les ONG Greenpeace, France Nature Environnement et les Amis de la Terre, demandent l’interdiction définitive du maïs OGM en France, et nous aussi ! Mais il faut tenir bon, car cela doit être rediscuté prochainement au niveau européen. Et quand on sait que dans les institutions de l’Union européenne, Monsanto a son petit bureau de « lobby », alors qu’aucune ONG n’a le sien… Ca laisse rêveur. Ou pantois. C’est selon.

*Allemagne, Autriche, Grèce, Hongrie, Luxembourg

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Telle une comète dans le ciel…

Il était une fois en Norvège, dans le ciel… Ben oui, ciel, ça rime avec Noël, et cette histoire pourrait être un conte. C’est le bon jour pour la raconter, non ? Je reprends.

Il était une fois en décembre 2009 en Norvège, dans le ciel… Un OVNI, une comète, une spirale filante et tournante, un phénomène lumineux jamais observé auparavant. Le vent n’y était pour rien, les projecteurs alentours non plus. Alors… Débarquement extraterrestre ? Aurore boréale d’un nouveau genre ?

Une fois que la spirale a eu fini de tourner sur elle-même, elle disparut, laissant la place à un trou noir, entouré d’un halo de lumière bleue. Allait-t-il tout aspirer ? Etait-ce le néant qui guettait l’humanité suicidaire ? Point nenni. Le phénomène s’est effacé pour laisser place à la nuit noire. Et au silence… Chacun en son fort intérieur, pouvait sentir battre son coeur et s’interroger, inquiet, en ces termes : de quoi demain sera-t-il fait ? Quel augure pour cet après-Copenhague ? Les cieux seront-ils cléments, les arbres donneront-ils encore des clémentines ?

En ce jour de Noël, je me sens d’humeur badine. Et la badiane que j’ajoute à mes tisanes digestives (ben oui, faut bien !) répand sa douce odeur et me gratifie de sa belle forme… étoilée. Alors j’ai envie de voir la vie en noir et brillant, comme un ciel chargé de messages. Et si l’origine du phénomène lumineux norvégien était en fait le tir raté d’un missile russe, cela n’y change rien. Et Boulava, de son petit nom, ne me mettra pas les boules, là, va ! Tout juste au sapin.

Je continue à regarder droit devant, (et au-dessus ! et autour !) et je me dis qu’on a du pain sur la planche. Et qu’il faut y aller confiant, serein. Façon star, en somme.

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La petite sirène de Copenhague a du vague à l’âme…


Photo Michel Rouzier

Après les accords vagues de Copenhague, la petite sirène a du vague à l’âme, et il y a de quoi ! Les épaules un peu voutées, elle semble fatiguée. Regarde-t-elle vers l’avenir ou verra-t-elle le niveau de l’eau l’engloutir ?

Et voilà ! Tout ça pour ça… Tout ça pour rien. Pour eux, ce n’est rien, les négociations sur le climat ne se mesurent pas en électorat direct, alors à quoi bon ? Les puissants se décalent une fois de plus de ce que souhaite les citoyens. Et nous, concitoyens de la base, nous n’y pouvons rien.

Les prévisions sur l’après-Copenhague vont bon train. Et les dirigeants prendront encore de nombreux avions pour discuter ça et là d’accords politiques. Non-contraignants. On en est là. Surtout ne jamais contraindre. Même quand il en va de notre niveau de vie sur Terre. Et de notre vie tout court. Et de celle des générations futures. Quel futur ? Une augmentation de la température de 2 degrés d’ici à 2020 ferait fondre les banquises et élever le niveau des mers qui décimerait des millions de gens… Gentils, nos dirigeants, quand ils prennent des décisions du bout des doigts ?
Inconscients. Et dans « inconscient », il y a…

J’ai la gueule de bois avant les fêtes au feu de bois. 2020 ? C’est après-demain… Et tout le monde s’en fout. Alors, puisqu’ils sont fous, soyons sages et continuons à construire, à notre niveau, un monde plus équitable et vert. Bonnes fêtes, faites passer le mot !

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Un article dans le Bonbon de décembre… C’est bon-bon pour le moral !

Le Bonbon, magasine gratuit qui marche par arrondissement, porte bien son petit nom. Des articles sur les commerces et activités du coin, des bons de réduction, le tout bien emballé… ça rend la vie de quartier plus colorée. Pour le Bonbon du 9e, j’ai eu le plaisir de rencontrer Karine Couëdel, d’origine bordelaise comme moi (ben si, je suis quand même née là-bas !), qui a écrit un article bien sympa dans le numéro de décembre.

Début de l’article :

« Militante écolo dans l’âme, comédienne et auteur, Charlotte Normand a écrit et interprète le premier one woman show écolo.

C’est au théâtre Le Lieu, une petite salle du 9e que « Charlotte Normand se met au vert » tous les jeudis soirs.

Ecrit en 2007 et remanié il y a un an, ce spectacle consacré à l’écologie reprend certains codes du one woman show mais ne fait pas pour autant dans la vanne à tout prix. Entre humour, stand-up et théâtre plus académique, le premier one woman show de cette jeune parisienne, mi-alsacienne mi-landaise d’origine, veut sensibiliser plus que culpabiliser.

Tout à tout prof de biolologie qui enseigne les éco-gestes, pêcheur, grand-mère de 92 ans qui rappelle le bon sens d’une époque où le mot écolo n’existait pas encore, Charlotte Normand endosse au total une bonne dizaine de perosonnages pour parler d’écologie sous des angles différents. « Ce n’est pas une conférence non plus », prévient-elle. « Je ne fais pas la leçon aux spectateurs. J’ai juste envie d’éveiller, de donner aux uns et aux autres le désir d’aller chercher l’info, de se bouger un peu. » »

voir l’article en entier

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Sapins pas sains et autres seins II

J’abordais déjà l’année dernière à la même époque la problématique des pas sains… euh, des sapins.

Les arbres artificiels font l’unanimité : oui, ils sont polluants, tant par leur fabrication que par le transport qui les achemine souvent de Chine… En revanche, pour les sapins de Noël naturels, c’est plus complexe. La plupart des sapins de Noël viennent souvent de forêts plantées pour l’occasion et ne participent donc pas à la déforestation. Certes. Mais les adjuvants (et non pas les adjudants) pour les faire pousser ne sont pas nécessairement très naturels, eux. Euh…

Acheter n’importe quel sapin dans la rue ? Ca n’est pas polluant, mais on ne sait pas pour autant d’où il vient. Du coup, ça peut quand même chiffrer en termes d’empreinte carbone (le transport), mais surtout en termes de pesticides… Ou de fixateurs chimiques pour éviter que les aiguilles ne tombent dans les magasins. Mais avec tant de produits sur un seul arbre, ce sont les bras qui m’en tombent !

Les sapins de norme FSC (Forest Stewardship Council), provenant d’entreprises forestières qui gèrent leurs exploitations en respectant des critères sociaux et écologiques (sans pesticides, herbicides et engrais) ne sont toujours pas trouvables en France.

Alors, pour acheter un sapin naturel dit « vert » (qui est cultivé dans le respect de l’environnement), si vous habitez la Bourgogne, une grosse partie de la production est faite dans le Morvan*. Ils proposent de les livrer, mais là encore, ça fait du transport. Et les magasins Botanic** proposent aussi des sapins qui ont grandi sans pesticides.

Et après les fêtes, au fait ? Si on a un jardin, on le plante ! Comme ça l’année prochaine, on pourra directement le décorer dehors. A Paris, on peut le déposer dans les parcs municipaux qui les collectent pour le compost***. En Province, des initiatives similaires doivent exister.
Mais évidemment, on prend soin d’enlever toute trace de décoration non recyclable.

De toute façon, la meilleure façon de recycler la déco… c’est de la réutiliser ! Et si on n’en a pas, rien n’empêche d’être imaginatif et de la créer, à base de matériaux et objets récupérés. Du recycl’art ! Mais de l’art, hein, pas du cochon ! Un soutien-gorge accroché au sapin, ça peut faire mauvais genre, quand même ! Quoique… Ca peut être rigolo. Non ? Bon, c’était pour boucler avec mon titre…

Je finirai avec une allusion aux Guignols, à l’époque où ils carricaturaient Guy Roux (alors entraîneur de l’AJ Auxerre) : pour faire des économies, il proposait de faire une guirlande avec une pelure de mandarine enlevée d’un coup en spirale… Ca m’avait beaucoup amusée, mais aujourd’hui, j’ai presque envie d’essayer ! Juste pour un petit délire… somme toute assez sain.

Sapins pas sains et autres seins à lire sur La touffe verte (déc. 2008)

*lien vers un site de sapins verts du Morvan

**site de Botanic

***points de collecte dans les jardins de Paris (attention, il faut aller tout en bas de la page)

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De l’art de noyer le poisson… et les ours polaires

C’est l’heure du sommet international de Copenhague, qui doit permettre de fixer les objectifs chiffrés et contraignants auxquels les pays devront répondre d’ici 2020 pour faire baisser les émissions des gaz à effet de serre… et l’étau se resserre. Sous couvert de débats, on s’égare, on oublie l’essentiel.

J’en veux pour exemple deux articles de Rue89*, l’un dénonçant « la pensée unique » écologiste qui pose l’homme comme responsable du réchauffement climatique et l’autre soulignant qu’une chose n’est pas contestable juste parce qu’elle créée du consensus. Et de rappeler combien la pensée écolo n’a pas toujours été consensuelle, loin de là.

OK. Soit. Mais ces débats ne nous tirent pas vers le haut. Il y a des faits, à constater : des espèces disparaissent à une vitesse inconnue jusque-là et si on veut jouer à ça, il n’est même pas besoin de chercher la responsabilité de l’homme en termes de climat, car elle est visible à bien d’autres niveaux. L’agriculture extensive, avec ses pesticides, pollue les nappes phréatiques et tuent les abeilles, et les nitrates qu’elle rejette en masse entraîne la prolifération de l’algue verte sur les côtes bretonnes, et la mort d’autres espèces encore…
Rappelons-le, d’ailleurs, cette algue verte a même tué un cheval, comme quoi « qui tue un hippocampe, tue un cheval »…

Donc, les exemples ne manquent pas, alors si vous voulez vous rassurer sur l’inaptitude de l’homme à dégrader son environnement, c’est de toute façon raté : « Perdu ! Essaie encore. »

Même pas besoin d’aller chercher les causes du réchauffement ! Et à disserter sur les causes, on n’oublie encore une fois la vraie question : qu’est-ce qu’on fait maintenant ?

Car à ce rythme-là, de toute façon, ça ne tiendra plus. Que l’homme en soit ou pas la cause (et y a quand même de sérieuses raisons de penser que oui), un trop grand réchauffement aura de graves conséquences, donc il faut de toute façon le LIMITER. Et pour ça, il faut se bouger, grave ! Et se responsabiliser. Maintenant.

Signez l’Ultimatum climatique

*Sources :
l’article sur « la pensée unique »
l’article sur le scepticisme comme nouveau poujadisme

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De l’importance du chef op’…

Je sais, je sais, une connaissance me l’a affirmé « Y a personne qui sait ce que c’est un chef op »… Ah ? A part les cinéphiles, les cinébosses (ceux qui bossent dans le cinéma, quoi), que nenni ? Les cinéphiles non plus ? Ah, d’accord… Peut-être que c’est normal. Peut-être que ça a toujours été comme ça. Ne pas percer la magie du cinéma, laisser les gens à leurs métiers obscurs…
Et pourtant, le chef opérateur, c’est lui qui fait la lumière du film ! Qui compose les plans, discute les mouvements (de caméra), parfait l’ambiance… Parfois je me demande si les gens ne savent pas parce qu’ils ne s’intéressent à rien. Ou tous à la même chose. C’est sûr, c’est pas à la télé qu’on va nous expliquer ce que fait le chef op’ sur un film…

C’est vrai, mon ton est amer, d’aucuns diront prétentieux. Tant pis. L’autre jour, j’étais à la Fnac pour trouver une K7 nettoyante pour caméra mini-DV… Du coup, j’ai jeté un oeil sur les DVD… et là mon duvet de se hérisser… Où sont passés les DVD à 9,99 euros ? Les prix minimums sont à 12, voire 15. Mais bien sûr : bientôt Noël, on va quand même pas perdre l’opportunité d’entuber les con-sommateurs ! Qui, soit dit en passant, ont toujours le choix de se laisser avoir ou pas… Et voilà, la boucle est bouclée, on en revient toujours au même point : l’analyse, le sens critique… et la réactivité.

En matière d’écologie, c’est comme le reste. Moins on s’interroge, plus on est sûr d’éviter de se remettre en question et on peut continuer à faire l’autruche en taxant ceux qui se bougent de fascistes verts. Et pendant ce temps, la France se classe au 43e rang mondial de la liberté de la presse dans un silence absolu*. Même les Etats-Unis sont 20e ! Seule l’Italie est après nous en Europe : à croire que Sarko a la Berlu. Et qu’il y a (presque) plus de médias pour nous éclairer.

Parce que le coup de la grenouille, moi, j’ai pas envie de le vivre. Mais si, vous savez : l’histoire de la grenouille qu’on jette dans l’eau bouillante et qui a le réflexe de s’échapper. Alors que quand on augmente la température doucement, elle s’endort et se laisse ébouillanter… Ben voui. Je pense que je n’ai pas besoin de vous décoder la métaphore ! Voilà le genre d’histoire qu’un bon chef op saurait sûrement mettre en valeur. Alors quand on se prétend réalisateur de sa vie, la première des choses, c’est de réfléchir au scénario… et de se rendre compte que c’est nous qui l’écrivons, jour après jour.

Ceci dit, comme tout propos se relativise, voici une petite blague qui se raconte dans le milieu audiovisuel : quelle est la différence entre un chef op’ et Dieu ? C’est que Dieu ne se prend pas pour un chef op’.
A méditer… ou pas. 🙂

* Source Reporters sans frontières, classement mondial

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Merdier total


http://www.photochris.com

Alberta… Ca pourrait être un joli prénom : des consonances hispaniques en même temps qu’un aspect un peu « vieille France »… Et pourtant, elle est salie, harcelée, violée, Alberta… Alberta ?
C’est le nom de cette région du Nord-canadien, investie notamment par Total pour exploiter ses sables bitumeux… C’est-à-dire mettre en oeuvre la « façon la plus chère, la plus sale et la plus énergivore de produire du pétrole », comme le dit Greenpeace. Enfin, quand je dis « mettre en oeuvre »… En fait d’oeuvre, il s’agit plutôt d’un saccage. D’un concentré de ce qu’on peut faire de pire en matière écologique aujourd’hui.

En effet : ce bitume est « très visqueux et lourd, aggloméré avec du sable ou du schiste » et ne peut être retiré en surface dans des mines à ciel ouvert que pour 20 % de la quantité.
Pour extraire les 80 % restant, de l’eau et du gaz sont tour à tour nécessaires pour fluidifier et pomper le bitume. En somme, « pour produire un baril de pétrole, il faut deux tonnes de sables bitumineux, plus de cinq barils d’eau et l’équivalent en gaz naturel de la consommation d’un foyer pendant une journée et demi. En bref, la production d’un baril de sables bitumineux est trois à cinq fois plus émettrice en gaz à effet de serre qu’un baril de pétrole conventionnel ». Notons aussi que pour les exploitations de surface, eh bien, il faut ratiboiser le terrain, c’est-à-dire déforester à tour de bras…

Et Total de dire qu’ils attendent « les règles fixées par l’Etat pour opérer dans le respect de l’environnement » ! Et d’ajouter qu’ils n’en sont qu’aux enchères sur les terrains (Canadiens) et à l’étude… alors que le gisement de Surmount est déjà en (co)production avec d’autres grands groupes. Décidément, l’illusion est totale !

Et Ottawa semble tarder à réagir, et le silence est généralisé sur cet enjeu de taille. Pas une ligne dans les médias, à part Libé en octobre, cherchez la faille !

Et pendant ce temps… Total compense, Total amasse : un coup d’oeil sur les chiffres du dernier trimestre 2009 ? Les pauvres, ils font -54 % par rapport au 3e trimestre 2008 ! Mais quand même 14 % de mieux qu’au 2e trimestre 2009… Ah, nous voilà soulagés ! Il est vrai que cela représente la bagatelle de 2,7 milliards de dollars pour le résultat net ajusté. Alors quand on sait que l’exploitation des couches bitumeuses, en raison de la technologie (et de l’énergie !) nécessaires augmenteront encore le prix du baril… On se dit que ceci explique peut-être cela…

Sources : dossier de Greenpeace « Total invente la destruction durable »

article de Libération du 10 octobre 2009 « Greenpeace met son grain de sable »

et les Résultats du 3e trimestre 2009 de Total

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