Quand on trouve les chercheurs…

bio-tournesol

C’est une initiative nouvelle et pour le moins salutaire, même si, bien sûr, d’aucuns argueront que c’est une tempête dans un verre d’eau, préférant disserter sur les genres et autres fumeuses balivernes consternantes.
Et pendant ce temps-là, comme on dit… le monde continue de tourner, certes, mais toujours un peu à l’envers.

 

Il était une fois…
Alors voilà une histoire de chercheurs qui en dit long sur notre société et ses penchants. Et qui a le mérite de faire quelques vagues dans le milieu de la recherche publique.

Tout commence par la demande à l’INRA d’un rapport sur l’agriculture biologique commandé par le Commissariat Général à la Stratégie et à la Prospective (CGSP), institution rattachée au Premier ministre. Réalisé sous la direction du directeur scientifique agriculture de l’institut le rapport est rendu en octobre 2013 et a valeur de synthèse scientifique… ce que contestent justement 119 scientifiques, du CNRS, de l’INSERM… et de l’INRA !

 

Les 119 parlent d’une seule voix
Dans ce document rédigé collectivement, des agronomes, géographes, économistes, sociologues, généticiens ou encore chercheurs en cancérologie reconnus, dénoncent les approximations du rapport qui compare par exemple cultures biologiques sans et avec herbicides… quand on sait que le béaba du bio, c’est de faire sans pesticides, quels qu’ils soient, c’est assez édifiant. Cela va même plus loin, puisque le rapport va jusqu’à conseiller l’utilisation de pesticides dans l’agriculture bio pour en augmenter les rendements !

En mettant « bêtement » en balance agriculture conventionnelle et biologique sur la base des rendements sans tenir compte des spécificités propres à chacune, le rapport omet évidemment de mentionner les impacts positifs de la non utilisation de pesticides sur la santé et l’environnement… alors que les études fourmillent, qui prouvent le contraire.
Les chercheurs contestataires soulignent encore que les ouvrages cités en référence au rapport sont ceux de climato-sceptiques, hic, et que la méthodologie générale est douteuse.

 

Plutôt deux fois qu’une
La direction de l’INRA, qui n’avait pas souhaité répondre à ces chercheurs, a fini par dire son mot suite à la parution de l’article de Reporterre. Et sa réponse compte cinquante pages, là où la lettre commune des chercheurs en comptait dix : cinq fois plus, ouais ! Est-ce que la bataille se joue aux billes ? Non, on est bien à l’INRA. Et INRA bien qui INRA le dernier car le directeur de l’institut refuse de retirer le rapport incriminé et se réjouit du débat engendré.

Sauf que entre temps l’affaire a été reprise par certains députés qui demandent, en phase avec les chercheurs, au Ministre de l’Agriculture de commander un nouveau rapport sur le même thème, rédigé par un collectif.

 

Sera-t-il une fois ?
On espère fortement qu’ils seront entendus car ces querelles de gros sous deviennent fatigantes… derrière les défenseurs de l’agriculture intensive, ce sont toujours les mêmes enjeux et les mêmes multinationales représentés, toujours le même système qui se mort la queue et qu’on a trop peur de changer… alors on tergiverse, on tergiverse.

 

Mais à force de couper les cheveux en quatre, on peut aussi se retrouver sans poil sur le caillou !

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