Débiles profonds

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C’est l’histoire d’une pêche absurde en eaux profondes… et d’une pétition de consommateurs pas cons qui voudraient changer la donne ou plutôt la prise… puis d’un vote mal orienté qui ne va pas dans le bon sens mais qui aurait voulu y aller… de quoi donner un peu le tournis et le mal de mer, en somme.
C’est l’histoire du chalutage profond… profondément débile !

Greenpeace et Bloom : comme une fleur pour ouvrir les esprits
Tout a commencé en 2011, quand Greenpeace et Bloom donnaient l’alerte contre le chalutage, pêche stupide et néanmoins subventionnée, pratiquée en Atlantique (ainsi qu’en Afrique de l’Ouest, mais on en parle moins) et menaçant les ressources des fonds marins.
Le principe du chalut, qui peut être aussi large qu’un terrain de football et aussi haute qu’un immeuble de trois étages est de racler, grâce à des rouleaux qui font avancer ce filet, le fond de l’eau et de ramasser tout ce qui s’y trouve, coraux, poissons, coquillages, pour ne garder au final que quelques malheureux poissons et rejeter tout le reste cul par dessus bord… mort.
Aussi terrifiant que les Dents de la mer, aussi débile que Piège en haute mer… sauf que Steven Seagal est loin et que les innocents ne sont pas sauvés à la fin !

BD virale vs pirates des profondeurs : la rançon de Pénélope 
En juillet 2012 déjà la Commission Européenne reconnaissait cette technique comme dangereuse pour l’équilibre des fonds marins et en envisageait l’interdiction… d’ici deux ans (nous y sommes) et à condition de voter la réglementation afférente (nous y étions presque).
C’est donc en vue du vote du Parlement européen du 10 décembre que Bloom a lancé une pétition citoyenne pour faire peser l’avis de l’opinion.

Et Pénélope Baggieu a eu la bonne idée de récapituler l’histoire en BD pour la rendre accessible et absurdement marrante… ce qui a provoqué un buzz monumental et augmenté les signatures en conséquence !
Preuve s’il en faut que l’humour permet de dire des choses ! (on notera pour les intéressés qu’un super one woman show aborde les thématiques écologiques de cette manière…)

Au Carrefour des choix : Casino contre-attaque
Forte de cette participation record (plus de 750 000 signatures), la pétition a été médiatisée et les lobbys ont tout tenté pour la discréditer, ce qui en général prouve qu’il y a du fond… et c’est le cas de le dire.
Les supermarchés sont directement visés car ils sont les acheteurs de ce type de poissons, Intermarché en tête. Une semaine avant le vote du Parlement européen, Casino annonçait renoncer à vendre les espèces issues du chalutage. Une semaine après, Carrefour suivait la voie.
Ne restait plus qu’à ce que les députés européens portent leur voix !

Un vote con-plétement à l’en-vert : le Parlement les pieds dans le tapis
Seulement voilà… l’interdiction du chalutage profond a été rejeté, à 9 voix près… alors qu’a priori une majorité de députés semblaient pour. Explication selon Bloom ? Les complications du vote qui consistait à voter d’abord contre un premier amendement pour pouvoir ensuite se prononcer sur les suivants dont le chalutage faisait partie…
Pardon, mais les députés européens, si on peut juste résumer, ce sont bien des acteurs politiques, issus du vote citoyen, dont la présence sur les listes électorales est légitimée par leurs études, leurs carrières, leurs compétences, leurs capacités, notamment en matière de Droit, non ?

Faut quand même pas déconner, les gars ! Avant de voter, se renseigner sur la procédure, c’est un minimum. Que ce soit un chouia compliqué, voire fait pour compliquer à dessein, je n’en doute pas, mais on va pas vous faire un dessin, ça fait partie de votre boulot, c’est bien pour ça qu’on vous a élus ! Si le poste ne consistait qu’à se remplir les poches sans siéger, on aurait directement envoyé Zézette au Parlement et pi voilà ! Au moins elle aurait eu de quoi se refaire le dentier…

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Zézette prépare son élection…

 

Non, franchement, l’argument pour moi a du mal à passer. « On aurait bien voulu, mais c’est qu’on s’est trompés dans la façon de voter. Dommage, hein. »

L’opinion dit non : l’aventure continue
Reste que malgré cette bourde politique, la Scapêche, qui pêche pour Intermarché et pèche par ses pratiques, a fait savoir qu’elle voulait aller dans le sens des consommateurs… Mouais, ça reste des mots pour l’instant mais c’est déjà ça.
Suite des opérations ? Atteindre le million de signatures sur la pétition de Bloom pour peser auprès du Président (et lui dire quoi voter bien à l’avance).
Et évidemment éviter à tout prix d’acheter les espèces suivantes sur l’étal des supermarchés (source Bloom) :

  • Le sabre noir
  • La lingue bleue
  • Le siki
  • Les sébastes
  • La saumonette
  • Le grenadier
  • L’empereur
  • Le flétan du Groënland
  • Le hoki

En image, ça donne ça (source Greenpeace) :

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A bon acheteur, salut !

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