Scandale Findus : tout dans la dentelle !

Le scandale de l’affaire Findus étonne et ça m’étonne.
Avec des filières longues et ultra-industrialisées mettant toujours plus en avant le pas cher, il est absolument inévitable de tomber dans le bas de gamme et l’opaque.
Et on ne peut pas dire qu’on n’était pas au courant !
Une fois de plus, c’est un vaudeville qui se joue-là.

Quand le circuit long se mord la queue (de cheval)
Reprenons au début, ou plutôt à la fin.
Quand vous achetez des lasagnes Findus, vous achetez en fait des lasagnes cuisinés par Comigel, entreprise française, qui se fait livrer sa viande par Tavola, entreprise luxembourgeoise, qui se fait elle-même livrer par Spanghero, entreprise française basée dans l’Aude qui transforme et conditionne de la viande qu’elle se fait livrer… par traders internationaux interposés (chypriote ou néerlandais), qui ont la bonne idée de faire venir la viande des filières roumaines… chevalines si possible et mafieuses de préférence !

Les joies de la transparence
Dans cet embrouillaminis de sous-traitants et de cheminement de marchandises laissant une bonne empreinte carbone, les dirigeants des boîtes encastrées les unes dans les autres ont bon dos de se renvoyer la balle et de dire qu’ils ne sont au courant de rien pour se blanchir.
Mais, pardon, au lieu d’être une preuve de bonne foi, c’est encore plus grave ! « Vous êtes inculpés d’avoir mis un aliment à la place d’un autre dans le plat que vous vendez, qu’avez-vous à dire pour votre défense ? -Ah, mais moi je ne sais pas ce qu’il y a dans mes plats, ce n’est pas ma faute à moi, c’est celui qui cuisine ! ». Et celui qui cuisine de ne pas s’informer non plus d’où vient la matière première et de ne faire aucune différence entre du cheval et du boeuf. Normal, il a fait confiance à celui qui le livre, c’est sa faute à lui, etc, etc.
Et comme ça, on remonte tranquillement à la mafia, mais c’est juste la faute à pas de chance !

Virevoltes vaudevillesques
Pour sauver la face, il faut désigner un boeuf émissaire, alors Spanghero porte le joug du coupable et on prétend les autres blanchis.
Mais parle-t-on des vrais problèmes ? De raccourcir les filières pour privilégier transparence et qualité ? De manger et produire moins de viande ? De se tourner enfin vers un mode d’agriculture sain et soucieux de l’environnement ?
Que nenni ! Les politiques parlent d’augmenter les contrôles, encore une mesure logique et peu onéreuse. Plutôt que de scier un arbre mort, on va faire vérifier par des inspecteurs si ses branches sont encore attachées au tronc, et puis même évaluer la composition de la branche en faisant des tests ADN ! Oui, oui, c’est à peu près comme ça que Findus prétend rassurer ses consommateurs sur la provenance de la viande.

Non-sens kafkaïen
Et puis pourquoi ne pas aller plus loin encore dans le progrès : d’aucuns en profitent pour remettre les OGM au goût du jour et prôner la solution… de la viande artificielle ! Non, non, vous ne rêvez pas, comme l’élevage pollue, on va créer de la viande en laboratoire, ça, c’est sûr, ce sera vachement plus sain et on saura vraiment ce qu’on mange !
Quant aux lots de lasagnes incriminés, on ne sait pas encore s’ils seront récupérés par les Restos du Coeur ou la Banque alimentaire, cela dépendra s’ils sont ou non jugés dangereux pour la santé. Et sinon ce seront des tonnes de bouffe qui partiront en fumée…
Vous trouveriez ça dégueulasse, de refiler du cheval pas net à des pauvres gens ? Mais vous savez, le boeuf que vous mangez tous les jours ne vaut certainement pas mieux…

Alors… bon appétit bien sûr !

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