Fast Food Nations

Cet article est paru aussi sur Cinethinktank, blog d’un collectif qui décode l’actualité à travers le cinéma.
Allez y faire y faire un tour (de moto en hommage à Lelouch par exemple) !

« La vérité sera dure à avaler »… c’est le sous-titre du film Fast Food Nation.
C’est écrit en rouge sur l’affiche, entre les mains du bébé qui se tendent pour attraper les mamelles alléchantes et hamburgerisées de la nation modèle dans laquelle il est venu au monde.

En guise d’apéro, le film s’insinue du côté de la frontière mexicaine, là où les immigrants tentent la chance de leur vie : être de l’autre bord d’abord. Et puis travailler. A tout prix, de toute façon ils seront mieux payés que chez eux.
Seulement voilà… Dans la vaste usine de fabrication du steak haché et surgelé spécial Big One, tout n’est pas rose. On y voit plutôt très rouge.

Sans concession, le scénario a pourtant pris des libertés avec le livre dont il est inspiré. En effet, l’enquête d’Eric Schlosser qui avait fait grand bruit aux Etats-Unis était conduite de manière journalistique et énonçait des faits.

La force du film est de nous faire suivre trois personnages centraux dont les vies sont liées par le Big One, le dernier né hamburger de la chaîne Mickey’s (à peine fictive) : l’un (Greg Kinnear) le commercialise pour sauver sa carrière, l’autre (Ashley Johnson) le vend pour payer ses études, la dernière (Catalina Sandino Moreno), émigrée du Mexique avec son copain et sa soeur, participe à son élaboration.
Petits maillons d’une gigantesque chaîne qui n’a au bout du compte plus rien d’alimentaire, ils vont se trouver confrontés aux erreurs et aux horreurs d’une vaste machine destinée uniquement à faire des gros sous.

Des gros souls aussi peut-être, tant la réalité peut donner envie de boire pour oublier.
Ce n’est pourtant pas ce que font les personnages, décidés chacun à leur manière à affronter les choses. S’il semble plus difficile de trancher pour celui qui promeut, d’autres se retrouvent pro-meuh. Ou carrément digérés par le système. C’est selon.

La réalisation est maligne, oscillant sans à-coups de la vitrine aux coulisses, prenant des allures de film promotionnel pour mieux montrer l’envers du décor dans une ambiance quasi-documentaire.
Les acteurs ont la ligne malgré le sujet et de l’ardeur à revendre : Ethan Hawke en tête nous offre une diatribe jouissive sur le système de con-sommation. Bruce Willis, Avril Lavigne, Paul Dano complètent et illuminent le casting.

On sent que faire partie de cet opus était important pour eux, pour faire passer le message.
Ou comment pour nourrir les gens, on leur sert de la merde sans que ce soit une image. Où pour créer de l’embauche, peu importe les conditions puisque ceux qui ont toujours plus à gagner que perdre sont nombreux : les immigrés, les étudiants, les chômeurs… le fast-food est une aubaine pour eux !

Ce slogan est d’ailleurs directement utilisé par MacDo dans les pubs que nous connaissons « Nous créons des emplois et de magnifiques opportunités de carrière », mon frère.
Le bonus sur le DVD présente l’auteur qui nous rappelle combien les forces en action aux Etats-Unis sont les mêmes en France.

Pas de doute, ce film qui date de 2006 est bien d’actualité, et à (re)voir partout.
Car d’une nation à l’autre, il n’y a qu’un pas et pas (toujours) pour le meilleur !

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