"Pollen"… pas la peine…

…à moins d’amener vos boules Quiès et de ne regarder que les images !

Les prises de vue souvent filmées sur des jours au plus près des fleurs et pollinisateurs de toutes espèces et accélérées ensuite, sont magnifiques.
Elles nous montrent par exemple l’incroyable complexité intelligente de la nature créatrice qui a prévu comment l’orchidée « coince » une abeille dans ses sucs pour l’obliger à pratiquer la seule sortie possible dans un minuscule tunnel où des sacs de pollen lui sont collés le dos ! L’abeille ne sera libérée que quand « la colle » aura séchée !

A peu près tout ce qui est montré est incroyablement beau et riche, notamment les chauves-souris du désert mexicain fourrant leur nez dans les fleurs de cactus, ainsi que les colibris au vol si gracieux. C’est vrai, on n’oublie que les polinisateurs ne sont pas que les abeilles et bourdons.

Mais le commentaire, omniprésent, n’accordant que peu de temps d’observation pure, m’a dérangée.
J’ai lu le dossier de presse, l’objectif annoncé est de sensibiliser les enfants au danger de disparition des pollinisateurs. Et selon moi, s’adresser à des enfants ne justifie pas tout.

La voix off se répète, voire se contredit, notamment dans le passage sur les papillons monarques, annonçant une première fois que les papillons mourront une fois atteint l’objectif de leur migration et après s’être reproduits. On nous dit que ce sont donc leurs enfants qui reprendront la route dans l’autre sens. Puis la deuxième fois, on nous dit qu’il s’agira de leurs « petits-enfants » ?? Une génération, ça compte quand même !

Mauvaise traduction ? Confusion ? Cela passe encore…
Mais si le Syndrôme d’effondrement des colonies d’abeille n’est pas la triste conséquence d’une seule cause, on sait quand même que les apiculteurs se sont plusieurs fois levés pour faire interdire des pesticides directement responsables de la mort des butineuses*.

Or, j’ai compté, le mot « pesticide » est employé une seule fois ! Et encore c’est pour dire que lors du transport de ruches, les abeilles meurent « à cause de maladies, de parasites et et des pesticides ».
Mais on sait très bien que les abeilles ne sont pas soumises aux pesticides que pendant le transport, mais tout le temps, en survolant les champs, en butinant dedans !!

On va même jusqu’à nous faire l’apologie d’une magnifique serre où les légumes poussent « dans un peu d’eau »… on oublie juste d’ajouter que ce peu d’eau est gavé de produits chimiques !
Enfin, on parle très rapidement des « pratiques agricoles ».

Mais je pense que c’est là qu’il faut être clair : soit on ne dit rien, soit on essaie d’expliquer un minimum. Parce qu’enjoindre les enfants de faire pousser des jolies fleurs pour sauver les pollinisateurs, c’est bien, mais un peu hypocrite.

On pourrait au moins nommer « les grandes entreprises » ou « l’industrie agro-alimentaire » ou « les produits chimiques ». Car c’est quand même les grosses multinationales qui bousillent sciemment la terre !
« Notre futur se nourrit d’une histoire d’amour » ? Et d’aucuns se nourrissent d’une histoire d’argent…

Je suis la première à encourager la sensibilisation et l’initiative individuelle. Mais sous prétexte de ne pas vouloir compliquer, on ne dit pas les choses. Et ne pas dire, par omission, c’est mentir…

Bien sûr, chacun se fera son avis et saura peut-être faire abstraction de cette voix off qui m’a gênée.

A bonimenteurs, salut ! 🙂

*voir articles sur La touffe verte :

Le gâchis du gaucho
Elles nous aiment – zzzzz

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