Le thon voit rouge… et les gens aussi


Photo : http://rolpoup.wordpress.com

A peine quinze jours après la Conférence internationale sur la biodiversité de Nagoya dont je parlais précédemment, où la France s’est juré de préserver durablement les espèces, et notamment de poissons, elle fait pâle figure de défenseur du thon rouge.

Hier, des militants de Greenpeace ont bloqué l’entrée du ministère de l’Agriculture afin de décrocher un entretien avec Bruno Le Maire*. Celui-ci a défendu sa position « équilibrée », de plaider pour un quota de pêche stable en 2011, à 13 500 tonnes. Il s’attache dit-il, autant à préserver la ressource que l’emploi des pêcheurs.
Pourtant, la secrétaire d’État à l’Écologie, Chantal Jouanno, est pour une baisse drastique du quota de pêche au thon rouge, tout comme la commissaire européenne à la Pêche, Maria Damanaki**. Ces-deux là sont pour ainsi dire sur la même ligne de pêche.

Les scientifiques, eux, estiment qu’une réduction de moitié des quota, soit à 6 000 tonnes en 2011, permettrait d’assurer dès 2020 un niveau de rendement maximal durable. Alors, on se le demande, la position de Bruno Le Maire est équilibrée pour qui ?

Et qu’en est-il des quotas ? Le Monde*** met en avant une longue enquête de l’International consortium for investigative journalists qui dénonce un marché noir de thon rouge pratiqué en France où les autorités fermeraient les yeux sur la surpêche. Il apparaît donc que les actuels quotas sont déjà dépassés.
Sachant cela, il est clair qu’ils auraient intérêt à être tirés le plus possible vers le bas, pour que les dépassements s’amoindrissent proportionnellement.

Mais ça n’a évidemment pas l’air d’être la tendance suivie par le gouvernement… d’autant que certains en sont encore à débattre de la pertinence de la menace sur l’espèce… L’Europe doit définir une position commune avant la réunion de l’Iccat à Paris, du 17 au 27 novembre. C’est pas gagné…
Gageons qu' »espèce de thon rouge » deviendra bientôt une insulte courante, d’autant que le spectre de ce gros poisson en sera la seule trace !

Quant à l’opinion, elle se prononce pour la protection du thon.

Je suis atterrée de ces éternels conflits d’intérêts qui mettent toujours plus en avant les profits, petits ou pas, que les pas pour l’humanité. Atterrée sur la Terre, et amère sur la mer… Je préférais être agréablement éthonnée !

PS : si vous confondez encore thon rouge et thon rouge et si vous vous faites du sushi, relisez cet article sur La touffe verte !

*article du Monde
**blog de Greenpeace

***article du Monde

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