Marcher dans la Coline…

Je sors d’une séance de ce film documentaire-essayiste de Coline Serreau. Si j’ai eu un peu de mal au début à me faire à la forme, je ne peux que louer le fond, le contenu du film, son essence. Non, pas l’essence de voitures, justement… vous allez voir !

Ce docu va droit au but et touche à l’essentiel : le vivant. Le vivant que l’homme a rendu… mort. Tout simplement. Le fond, c’est le sol, la Terre. Et plus elle est vivante c’est-à-dire abrite la vie, plus elle donne de belles plantes, de beaux plants.
Pas besoin de business plan pour comprendre que ces vers de terre, accariens et crustacés (si, si) s’occupent chacun de ce qu’il sait faire : l’un touche du bois, l’autre l’attaque et le réduit en plus petits bouts, l’autre encore est spécialisé dans le grignotage de résidus végétaux… On peut décliner les exemples à l’envi.

C’est bien à l’envie que marche ce film. Et marcher, c’est le bon mot, car, si on saute d’un sujet à l’autre, c’est avec un rythme tranquille qui crée le lien et montre combien tout est enchevêtré.
On a construit une agriculture de guerre en détournant en pesticides tous les toxiques des industries d’armement inutiles en temps de paix.

C’est vrai, il y a un étroit rapport entre domination de la terre et gouvernance agro-industrielle masculine. L’agriculture extensive viole la terre et étend le pouvoir patriarcal des multinationales.
On a retiré l’agriculture des mains féminines qui la perpétuait respectueusement pour perpétrer un crime annoncé à grands coups de bittes des machines de labour et à grand renfort d’engrais chimiques. Les grands trusts, en phallocrates qui se respectent, veulent faire de la nourriture et surtout des semences une marchandise.

Et l’agriculteur est devenu une marionnette entre leurs mains. En revenant à des pratiques de culture basée sur le respect et l’écoute de la matrice terre, notre mère à tous, l’homme peut redevenir humain. Et l’agriculteur se libérer d’une machine industrielle puissante et destructrice. Pour ce faire, différents mouvements se sont développés, du Brésil à l’Inde.

Au gré du film et de ses soubresauts d’humeur et d’image, je me suis laissée porter, car la forme prend aussi sa liberté. J’ai fait fi des décalages de son (peut-être dus à la salle où j’étais) pour écouter la profondeur des voix et des êtres qui nous parlent. Peu importe, on n’est pas en présence d’un produit cinématographique léché et esthétique, mais face à une oeuvre collective, éthique. Et pas toc pour un sou.

Sous les gravats, la Terre… la belle verte, vivante, odorante, vivifiante, nutritive, cognitive… Et Coline porte bien son prénom.

Moi aussi, j’ai envie de crier ma terrienne féminité, car je me sens en phase avec tous ces intervenants et, bien sûr, avec la réalisatrice, véhiculant les mêmes messages et possibles à travers mon spectacle.

On peut agir en local en s’inscrivant dans le global…
…et le battement d’aile du papillon devient vert avenir !

voir le site du film

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